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Vichy : Des ateliers d’art au service de la réinsertion sociale

Allier (03)

Publié le 18 août 2021

Vichy : Des ateliers d’art au service de la réinsertion sociale

Dans le département de l’Allier, l’association DAHLIR expérimente de nouveaux ateliers à dimension artistique à destination des personnes en situation de précarité sociale.

Cet été à Vichy, l’association DAHLIR a organisé ses premiers ateliers artistiques à destination des personnes en situation de précarité sociale en partenariat avec le centre d’hébergement et de réinsertion sociale de l’ANEF située à proximité de la place Jean Epinat. Ces activités coordonnées par Nicolas Gallon, Responsable Territorial de l’association dans l’Allier, ont pu voir le jour grâce au financement de la DRAC Auvergne Rhône-Alpes (Direction régionale des affaires culturelles).

 

La culture comme levier à l’insertion

 

Le DAHLIR a l’intime conviction que la culture, et notamment la pratique de l’art constitue un levier d’insertion pour les publics en situation de précarité sociale. S’autoriser une vie culturelle, rendre accessible les activités artistiques ou encore briser l’idée reçue d’un « art-savant » attribué à une minorité de personnes contribue à surmonter le sentiment d’exclusion, de renforcer l’autonomie, de développer un sens critique mais également de favoriser les moments de convivialité ou d’échanges et donc de favoriser le lien social.

Depuis juin 2021, trois après-midi « théâtre » ont déjà été organisés et animés par Fabrice Dubusset de la compagnie Procédé Zèbre. Les bénéficiaires de l’ANEF ont également pu s’essayer aux arts plastiques à trois reprises en compagnie de Delphine Manet à l’Atelier d’Art « Arte Factory » de Vichy.

Ces premiers temps d’activité culturelle rentrent dans le schéma habituel du dispositif DAHLIR Insertion et correspondent donc à des séances 1 de sensibilisation du public. Les séances, gratuites pour les bénéficiaires, sont suivies par un référent du DAHLIR. L’objectif est de mobiliser les participants sans les contraindre, leur redonner confiance en leurs capacités.

 

 

Un succès unanime pour les premiers ateliers

 

L’antenne vichyssoise de l’ANEF 63 travaille déjà main dans la main avec le DAHLIR dans le cadre de séances d’activités physiques hebdomadaires. C’est donc naturellement que l’association et son pôle « hébergement et réinsertion sociale » a accepté d’expérimenter les ateliers culturels. Pour Maité Gauthier, infirmière à l’ANEF, ces activités font déjà l’unanimité auprès des bénéficiaires :

 

« Nous avons eu jusqu’à six personnes lors des demi-journées de théâtre, les ateliers ont plu. Au centre, les premiers participants en ont parlé autour d’eux et cela a fait effet boule de neige. Pour les bénéficiaires, l’expression orale et corporelle n’est pas simple, pourtant tout le monde s’est dépassé. Fabrice a amené les choses petit à petit avec des exercices ludiques puis des scénettes improvisées. Au fil des séances, chacun s’est ouvert, s’est confié directement ou à travers des scènes. Lors de ces moments, ils ont mis de côté leurs problèmes et se sont véritablement libérés »

 

Une expérience concluante qui pourrait avoir une suite pour le CHRS :

 

« On aimerait pouvoir pérenniser ces ateliers théâtre et art plastique, pourquoi pas de manière hebdomadaire. On pourrait même imaginer une représentation et une exposition en fin d’année » ajoute l’infirmière.

 

Delphine Manet, responsable de l’Atelier « Arte Factory » à Vichy a l’habitude de travailler avec des publics empêchés et a accueilli deux bénéficiaires de l’ANEF lors des trois séances dédiées aux arts-plastiques.

 

« Les participantes étaient ouvertes dès le début mais avaient peur de « mal faire ». Elles ont joué le jeu et ont finalement rendu de beaux dessins, peintures, gravures dont elles sont fières. Pour moi l’art est un espace de liberté où on peut tout faire. Même si on est en échec dans la vie, on ne peut pas être en échec dans la création car on essaye de plaire, de se plaire et de faire des choses qui nous plaisent. C’est l’objectif même de l’art »

 

 

« J’ai adoré, j’aimerais vraiment pouvoir en refaire à l’avenir »

 

Les deux premières activités ont déjà donné des envies de poursuite pour certains bénéficiaires. C’est le cas de Joëlle qui a participé à tous les ateliers et s’est trouvée une véritable vocation pour le théâtre.

 

« On est un peu cabossé par la vie et ces ateliers nous font beaucoup de bien. On peut s’exprimer autrement, libérer des émotions cachées depuis très longtemps en nous. Lorsque j’habitais à Lyon, j’allais voir des pièces de théâtre mais je n’avais jamais eu l’occasion d’en pratiquer. J’ai adoré, j’aimerais vraiment pouvoir en refaire à l’avenir. »

 

Pour Fabrice Dubusset, directeur artistique de la compagnie Procédé Zèbre, le bilan des trois après-midi théâtre est très positif. D’une part grâce à l’assiduité des participants mais aussi par leur investissement.

 

«Ces ateliers ont été l’occasion de présenter nos locaux particuliers par leur histoire puisqu’il s’agit des anciens abattoirs de Vichy. Nous avons débuté par des exercices d’initiation au théâtre avec du travail sur le corps, de déplacement dans l’espace. Puis nous avons aussi travaillé avec les ombres avant de conclure par des petites scènes d’improvisation. J’ai été agréablement surpris par les participants qui ont tous véritablement libéré leur parole lors des différents exercices. C’était l’objectif, je leur avais dit qu’il s’agissait d’un espace de liberté, sans tabou, où l’on pouvait tout dire et ils se sont pris au jeu. On a aussi beaucoup ri lors de ces après-midis. »

 

Forte de cette première expérience concluante, l’association DAHLIR compte pérenniser ces actions à Vichy avec des ateliers musicaux en plus. Des ateliers culturels vont également être organisés à la rentrée dans le Puy-de-Dôme.

 

 


Article rédigé par Carine Bonnal