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Aider les femmes à reprendre confiance via l’activité physique

Cantal (15)

Publié le 25 septembre 2024

Aider les femmes à reprendre confiance via l’activité physique

Depuis quelques mois, dans le cadre de l’action « TouteSport » créée par le CIDFF, les chargés d’accompagnement du DAHLIR encadrent des séances d'activités physiques à Ydes et Mauriac, dans le Cantal. Des séances destinées aux femmes, qui peuvent s’avérer être un outil important d’insertion, et permettre de les relancer dans leurs parcours de vie.

Des séances pour regagner confiance et se sociabiliser

Cela fait plusieurs semaines que Magali vient participer aux séances. À la recherche d’un emploi depuis 1 an et demi, elle a été orientée vers le DAHLIR par France Travail, un partenaire de l’association sur le territoire. Les séances lui ont déjà été bénéfiques pour se relancer et rencontrer de nouvelles personnes.

Ces séances, c’est ce qu’il me fallait. Elles ont surtout un impact sur la tête, moralement et au niveau social. C’est un rendez-vous hebdomadaire qui permet de sortir et de changer de la routine. C’est très motivant. Ce n’est pas tant le progrès physique que je recherche, mais plus ce qu’il y a au-delà, le lien social.

Et, de plus, elle voit l’intérêt de ces séances pour son insertion professionnelle.

J’ai les qualifications pour travailler, mais je ne suis pas prête socialement à être en groupe, dans une entreprise. Et ces séances m’aident à voir du monde. On fait aussi des exercices de groupe et d’équipe, où on doit collaborer ensemble, même si on ne se connaît pas ou ne s’apprécie pas. C’est une bonne projection sur le monde professionnel, où tout n’est pas toujours facile.

Ces séances, et plus globalement l’action « TouteSport », visent à lever les freins quant à l’insertion professionnelle des femmes en difficulté.

Nous avons constaté que les freins pour aller vers l’emploi pouvaient être les mêmes que ceux pour la pratique d’une activité physique : les problèmes de santé, le manque de confiance en soi, la gestion du temps, la mobilité, l’isolement, l’autonomie… En travaillant sur l’activité physique, on pourra donc lever ces freins à l’insertion spécifiques aux femmes, tout en travaillant le mieux-être, la santé etc. Agnès Bouysse, directrice du CIDFF du Cantal.

 

Entre adaptations et inclusion

Mais comment ces séances lèvent ces freins, et poussent les femmes à se dépasser et à reprendre encore plus leur vie en main ?

  • En adaptant la pratique aux besoins, aux problématiques de chacune. De ce fait, les séances proposées sont effectuées en petit groupe, uniquement féminin (dans un premier temps), pour favoriser la prise de confiance et mettre plus à l’aise les participantes, notamment dans le rapport à leur corps.
  • En permettant aux bénéficiaires de travailler, à chaque séance, de nombreuses compétences, savoir-être et savoir-vivre indispensables pour se rapprocher de l’emploi : ponctualité, autonomie, mobilité… Ce travail sera en plus favorisé par l’entraide entre les participant
  • En proposant un accompagnement sur le long terme. Cet accompagnement débute d’abord par un repérage et une identification des freins, puis par la remobilisation du corps et une reprise de confiance grâce aux séances collectives, et, enfin, une fois la personne prête, avec l’accompagnement du DAHLIR, l’orientation vers des clubs locaux pour pérenniser et rendre autonome la pratique.

Pour ces femmes, qui ont pu être victimes de violences, pendant leur enfance, leur parcours migratoire ou dans leur couple, qui ont pu subir du harcèlement ou avoir souffert d’un burn-out, l’accompagnement ne peut pas être abordé de la même façon qu’avec les autres publics. Il faut souvent les laisser avancer à leur rythme, reprendre confiance petit à petit. L’accompagnement sera alors plus long.

 

Se développer ensemble vers de nouveaux territoires ruraux

Ce projet a démarré par un rapprochement entre le CIDFF et le DAHLIR, et plus largement entre les différentes structures agissant pour l’insertion.
Le DAHLIR et le CIDFF menaient déjà des séances sur un autre territoire, à Aurillac. Les deux structures ont alors choisi de travailler ensemble, pour renforcer leurs actions. L’animation des séances sur la capitale cantalienne a alors été mutualisée, et un développement sur le nord du département a été lancé.

Nous avons été sollicités par France Travail Mauriac pour développer « TouteSport » sur le nord du territoire. Nous avons appris que le DAHLIR avait déjà un groupe d’accompagnement sur un chantier d’insertion à Ydes. Nous faisions les mêmes choses ou presque en même temps, avec les mêmes difficultés pour mobiliser le public. J’ai contacté le DAHLIR pour mettre en place des actions communes.

En effet, le territoire de Ydes – Mauriac étant très rural, l’offre d’activités physiques et de loisirs et plus globalement d’accompagnement pour les publics fragilisés est faible et nécessite d’être développée.

Le territoire est grand, avec des lieux souvent excentrés. Nous avons des petites équipes, il était difficile de répondre seuls à toute la demande.

C’est donc ensemble que le CIDFF et le DAHLIR ont décidé d’agir. Un partenariat qui fait particulièrement sens.

Nous avons des valeurs communes et des objectifs de travails communs. C’est donc logique de mettre en synergie nos compétences et nos façons de faire différentes, afin d’élargir la proposition que l’on apporte aux femmes, et d’amener des regards différents. Notre complémentarité est intéressante sur plusieurs aspects.

Sur ce territoire, comme Magali, plusieurs bénéficiaires ont aussi été orientés par France Travail et Cap Emploi, qui sont partenaires de l’action, tout comme la Mission Locale 15, le département et les autres structures d’insertion présentes au niveau local. Ils souhaitent eux aussi amener leurs bénéficiaires vers l’activité physique, conscients des apports potentiels pour leur insertion professionnelle.

Les séances à Ydes et Mauriac sont désormais bien en place, avec un groupe de bénéficiaires qui vient très régulièrement. Une réussite qui permet aux acteurs de prévoir une suite au programme. A Mauriac par exemple, les séances sont vouées à se poursuivre, avec en plus, en alternance tous les 15 jours, des ateliers animés par le CIDFF sur la confiance en soi et l’insertion professionnelle. Une réussite qui permet d’envisager de prolonger ces actions sur le long terme !


Article rédigé par Pierre Boccon