Publié le 16 décembre 2022
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Comment avez-vous rejoint le DAHLIR et ĂŞtes-vous devenu prĂ©sident ?Â
Ce qui m’a poussé à rejoindre le DAHLIR, c’est une expérience professionnelle pré-DAHLIR. J’étais directeur de la Maison Départementale des Personnes en situation de Handicap de la Haute-Loire à l’époque.
Pierre-Emmanuel Baruch (actuel directeur de l’association), qui rĂ©alisait dĂ©jĂ des accompagnements dans le cadre de ses fonctions au sport adaptĂ©, est venu me voir, au sujet de la loi de 2005 sur le Handicap, l’égalitĂ© des droits et des chances… Il m’a demandĂ© ce qu’on pouvait faire en regard de cette loi et des accompagnements qu’il faisait.Â
Cette loi prĂ©voyait en effet, avec la Prestation de Compensation du Handicap (PCH), des possibilitĂ©s d’accompagnements individuels qui n’existaient pas auparavant. On a alors travaillĂ© ensemble sur des dossiers d’enfants qui passaient Ă la MDPH et nous avons coanimĂ© des rĂ©unions Ă destination des parents surtout et des professionnels sur les possibilitĂ©s qu’ouvrait la PCH.Â
J’ai pris ma retraite en 2011, et le DAHLIR n’existait toujours pas en tant qu’entitĂ©. Au moment de la crĂ©ation du DAHLIR, un an plus tard, Pierre-Emmanuel m’a demandĂ© de m’y investir.Â
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Qu’est-ce qui vous a poussĂ© Ă accepter ?Â
DĂ©jĂ , cela correspondait Ă mon parcours professionnel, qui est très liĂ© au mĂ©dico-social et au handicap. J’étais dans mon Ă©lĂ©ment et je trouvais bien que le travail que l’on avait fait de manière empirique se structure un peu. La crĂ©ation d’une entitĂ© propre avait de l’intĂ©rĂŞt pour que les gens puissent s’adresser Ă une structure et pas Ă une personne avec plusieurs casquettes. Cela permettait de recentrer les activitĂ©s, les accompagnements et les demandes souvent faites au cas par cas. C’était un premier Ă©loignement de l’expĂ©rimental.Â
La tâche Ă©tait dans mes cordes. Nous Ă©tions une toute petite association au dĂ©part. Il a fallu par exemple ouvrir très rapidement un compte pour recevoir une subvention, qui passait avant par le sport adaptĂ©.Â
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Pensiez-vous au dĂ©part que le DAHLIR allait prendre une telle dimension ?Â
Jamais. Je pensais que cela pourrait permettre de crĂ©er une dynamique sur le dĂ©partement de la Haute-Loire en direction du handicap, mais je n’imaginais pas un tel dĂ©veloppement.Â
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Quel rĂ´le jouez-vous dans la gouvernance du DAHLIR ?Â
Je me positionne comme soutien de l’équipe de direction.
Je discute très rĂ©gulièrement avec le directeur : il y a un enrichissement permanent et nous nous comprenons facilement.Â
Je suis très Ă l’écoute de ce qu’il propose, parce que cela a Ă©tĂ© le premier salariĂ© et l’élĂ©ment moteur du DAHLIR au dĂ©part, le spĂ©cialiste de terrain. Par exemple, je ne sais pas ce que c’est d’être chargĂ© d’accompagnement. Je ne l’ai jamais fait sur le terrain.Â
Ce qui est intĂ©ressant dans notre gouvernance, c’est que les choses se sont faites Ă l’envers. En gĂ©nĂ©ral, une association est crĂ©Ă©e car un groupe de personnes a pointĂ© un manque, et se dit « on va crĂ©er une association et embaucher du monde pour pallier ce manque. »Â
Pour le DAHLIR, l’association s’est crĂ©Ă©e parce que quelqu’un sur le terrain a expĂ©rimentĂ©, a analysĂ© le manque et a cherchĂ© une Ă©quipe de bĂ©nĂ©voles pour crĂ©er une association, formaliser l’activitĂ© et construire un dispositif cohĂ©rent. Donc le conseil d’administration est plutĂ´t en appui de la direction dans notre cas, mais avec toujours en point de mire l’objet de l’association et sa mise en Ĺ“uvre effective sur le terrain.Â
Mais cela fonctionne bien : le directeur est prĂ©sent Ă tous les conseils d’administration en tant que reprĂ©sentant technique et fonctionnel de l’association, pour faire un Ă©tat des lieux. MĂŞme s’il n’a pas de pouvoir dĂ©cisionnel. Â
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Le Conseil d’Administration joue donc un rĂ´le important ?Â
Oui, car c’est lui qui prend les dĂ©cisions importantes, après discussions et prĂ©sentations par le directeur. Plusieurs dĂ©cisions ont d’ailleurs Ă©tĂ© sujettes Ă Â dĂ©bat, sur de nouveaux dispositifs ou l’expansion Ă de nouveaux territoires.Â
Le Conseil d’Administration au dĂ©part Ă©tait uniquement axĂ© autour du handicap : parents, proches, professionnels… Le dĂ©veloppement d’autres dispositifs n’a donc pas toujours Ă©tĂ© Ă©vident.Â
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Comment votre rĂ´le et votre vision ont Ă©voluĂ© avec le dĂ©veloppement de l’association ?Â
Le DAHLIR reste quelque chose de fragile. Si c’est une association pleine d’espoir, en expansion etc. elle est encore jeune. Il faut donc qu’on arrive Ă ce que cela soit une association qui s’appuie sur des fonctions structurĂ©es. Â
Mon rĂ´le est restĂ© le mĂŞme : je suis un appui important Ă la fonction de direction. C’est mĂŞme encore plus d’actualitĂ© depuis qu’on s’est agrandi. On a une Ă©quipe de direction très efficace, et je n’interviens pas dans l’activitĂ© gĂ©nĂ©rale de l’association. Ce n’est pas mon rĂ´le.Â
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Le DAHLIR s’est agrandi et grandit encore. Qu’est ce qui, pour vous, doit rester son identitĂ©, ses valeurs ?Â
A la relecture de l’objet du DAHLIR, on retrouve 4-5 points et tous se rassemblent autour d’une chose : faire lien. Faire lien entre les structures, entre les individus…Â
Dans un monde qui s’individualise Ă outrance, et oĂą on est obligĂ©s d’assumer nos difficultĂ©s comme en Ă©tant complĂ©tement responsable, quelles que soient nos chances au dĂ©part, le DAHLIR est lĂ et agit par rapport Ă cette discrimination qui est soit auto-entretenue par les personnes elles-mĂŞmes, soit provoquĂ©e par la sociĂ©tĂ©.Â
Le DAHLIR est exemplaire sur cet aspect, car il prend en compte le projet de la personne. Mais il prend une lourde responsabilitĂ©, car il agit auprès de personnes dĂ©jĂ cabossĂ©es, et on ne peut se permettre de leur donner une bosse de plus. C’est-Ă -dire que plus vous avez pris de gifle, moins vous vous risquez. Pour beaucoup de personnes aujourd’hui que l’on accompagne, c’est un peu la dernière chance.Â
Mais on ne rĂ©ussit jamais Ă 100%. A un moment, quelles que soient leurs difficultĂ©s, les personnes peuvent dĂ©cider de se retirer au dernier moment, quelle que soit la qualitĂ© de l’accompagnement. Nous devons donc mettre le paquet pour limiter ce risque-lĂ . Mais il n’y aura jamais de 100%, aussi parce que cela peut faire peur. Pour certains individus, le fait de voir qu’ils vont peut-ĂŞtre s’en sortir, ça peut gĂ©nĂ©rer un mouvement de panique, sur les perspectives que cela ouvre. Ils vont alors se refermer.Â
Nous devons donc nous appuyer sur des notions d’écoute et de reconnaissance des gens, de leurs difficultĂ©s, et pas seulement de tolĂ©rance. Â
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Comment réussir à conserver cela avec par exemple les nouveaux recrutements ?
DĂ©jĂ , grâce Ă la structure hiĂ©rarchique mise en place : Responsable OpĂ©rationnel, Responsable Territorial, Coordinateur… Ces diverses fonctions se complètent et permettent crĂ©er et de garder une dynamique. Mais il faut aussi favoriser les Ă©changes entre pairs, sans dimension hiĂ©rarchique. Les chargĂ©s d’accompagnement vont par exemple Ă©changer sur le sens de leur travail, Ă l’abri de tout jugement professionnel. On a tous ces instruments qui s’interconnectent et se complètent, et j’ai l’impression que les Ă©quipes s’y retrouvent.Â
Dans cette dynamique-lĂ , j’ai dĂ©couvert par exemple que, pendant la pĂ©riode de COVID, des programmes communs ont Ă©tĂ© Ă©tablis en visio, entre les antennes, alors que certains salariĂ©s ne s’étaient jamais rencontrĂ©s avant et n’avaient jamais Ă©laborĂ© un projet en commun. Des tutoriels ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s pour les personnes accompagnĂ©es afin qu’ils fassent des exercices Ă la maison. Et cela crĂ©Ă© une appartenance commune, une culture commune. Â
La difficultĂ© ensuite, c’est d’avoir une culture commune qui ne soit pas rigide. C’est-Ă -dire que l’on puisse tester, essayer d’innover, avoir des rĂ©sultats et les faire retourner sur l’ensemble d’un dispositif, les partager, voir si cela est valable ou pas, travailler dessus ensemble… Ensuite, on regarde si c’est applicable partout, s’il y a des spĂ©cificitĂ©s…Â
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Que souhaitez-vous pour les 10 ans du DAHLIR ? Â
J’aurais aimĂ© qu’on puisse crĂ©er un livret thĂ©orique, un corpus des valeurs que le DAHLIR met en Ĺ“uvre. Quelque chose qui se concentre sur nos valeurs. Sur comment elles peuvent se mettre en Ĺ“uvre de manières diffĂ©rentes selon les publics, selon les terrains. Une sorte de photo de la mise en Ĺ“uvre des principes du DAHLIR. Il y a une chose qui est difficile parfois, c’est de prĂ©senter le DAHLIR au regard de la richesse et de la multiplicitĂ© de ses publics et de ses modes d’intervention. Et il serait intĂ©ressant de s’appuyer sur un tel document. Â
Propos recueillis par Pierre Boccon