Publié le 9 février 2022
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Les bénéfices de l’activité physique ou de loisirs sur la santé ne sont plus à prouver. Diminution du stress, meilleur sommeil, santé cardiaque et musculaire, le sport est aussi la clef d’un chemin vers l’acceptation de soi et de son rôle dans la société.
Partant de là, l’association DAHLIR soutient l’idée que l’activité physique peut également permettre aux personnes isolées ou fragiles de retrouver une activité professionnelle. En partenariat avec la Métropole de Lyon, le DAHLIR a pu organiser en fin d’année 2021 ses premiers accompagnements destinés aux bénéficiaires du RSA dans le département du Rhône. Dans le cadre de leurs projets d’insertion composés avec leurs structures socioprofessionnelles référentes, l’accompagnement du DAHLIR intervient en tant qu’outil pour les remobiliser, retrouver confiance en leurs capacités et en leur propre estime.
Aïcha est une des premières à avoir bénéficié de ce dispositif et a été orienté vers le DAHLIR en fin d’année 2021. Depuis, elle participe à des séances d’activité physique adaptée organisées par « les Étincelles de Vernaison », club de gymnastique affilié à la FSCF. Elle a accepté de témoigner :
Aïcha, comment avez-vous eu connaissance de ces ateliers ?
Dans l’optique de retrouver un emploi, je suis accompagnée par l’association Handi Lyon. Etant donné mes problématiques de santé et notamment de fatigue chronique, je bénéficie d’une reconnaissance de travailleuse handicapée. C’est donc ma référente Handi Lyon qui m’a orienté vers le DAHLIR.
Comment s’est passée votre rencontre avec l’association DAHLIR ?
Tout s’est passé assez rapidement. Tout d’abord j’ai accepté de rencontrer le DAHLIR même si au fond de moi j’étais très septique à l’idée de pouvoir faire du sport, je voyais ça comme insurmontable étant donné mes capacités physiques très réduites et mes douleurs récurrentes.
J’ai eu un premier rendez-vous en extérieur avec Louise Karmann de l’association. Tout en marchant, on a discuté de mon parcours, ma situation, mes problématiques de santé, mes moyens financiers et elle m’a dit qu’elle pouvait me trouver une activité physique adaptée pour que je puisse me sentir mieux et m’a demandé ce que j’aimerais faire. Toujours sans trop y croire, je lui ai dit que je pourrai éventuellement faire une activité en piscine, plus facile pour les mouvements dans l’eau. Malheureusement ce projet n’a pas abouti car étant de confession musulmane, il était trop compliqué de trouver une piscine qui accepte ma tenue à proximité de chez moi.
Comment vous-êtes-vous retrouvée aux séances de gym de Vernaison ?
C’est Louise qui a trouvé une autre solution pour moi et m’a demandé si je souhaitais essayer la gymnastique adaptée en me rassurant sur le niveau exigé. Même si j’étais toujours aussi sceptique, j’ai accepté, au moins pour essayer.
Et finalement ?
Dès la première séance, j’ai été très bien accueillie, autant par l’éducatrice que par les autres bénéficiaires. Je suis la plus jeune du groupe, les autres sont surtout des personnes âgées. Mais ça me convient puisque je m’entends très bien avec tout le monde.
Les séances sont tous les jeudis matin de 10h45 à 12h au complexe de Vernaison. On débute par un échauffement, puis des étirements avant de pratiquer de la gymnastique sous forme de jeux. L’éducatrice, Solène, est vraiment super et arrive à s’adapter à tous les profils. Pour moi, il suffit que je lui dise où sont mes douleurs pour qu’elle adapte la séance en fonction. Petit à petit j’ai trouvé l’envie d’y retourner. J’en suis à sept séances depuis décembre dernier. C’est un rendez-vous que je ne veux pas manquer, une fois j’y suis même allée avec une entorse, c’est dire ma motivation. Je suis confiante, je sais que je peux compter sur Solène lors des activités pour ne pas me faire aller au-delà de mes forces. Et pour ce qui est de l’accompagnement par le DAHLIR, Louise me contacte régulièrement pour prendre des nouvelles.
Quels sont les bienfaits de ces séances d’activité physique adaptée sur votre santé ?
Pour caricaturer, je peux dire que mon corps qui était endormi s’est réveillé grâce à ces heures de sport. Avant, je ne me sentais même pas capable de soulever un ballon. La bonne ambiance et la bienveillance des personnes autour de moi font que je me prends à l’exercice et ça me fait du bien.
Je ne cache pas que les séances sont parfois douloureuses physiquement, il me faut un petit peu de temps pour récupérer mais au moins je ressens mon corps. Ce sont de vraies douleurs, qui ne sont pas liées à la maladie et mentalement c’est un vrai soulagement. D’ailleurs je suis en train de me renseigner pour essayer de placer une heure de sport supplémentaire dans ma semaine !
Comment imaginez-vous votre situation à plus long terme ?
Le but est bien sûr de me remettre en circuit mais pour le moment je pense n’être qu’au début du chemin à parcourir. Sur le plan personnel, je suis super contente. À la maison j’ai deux petites filles qui débordent d’énergie et que je n’arrivais pas forcément à suivre. J’aimerai pouvoir faire plus d’activités avec elles désormais. Pour ce qui est du retour à l’emploi, il me faut encore un peu de temps je pense. Je retrouve des envies, du baume au cœur. Je suis qualifiée dans l’administration et j’ai besoin de formations pour me remettre à jour, ce qui va me demander un peu de temps. En tout cas l’envie revient, j’ai beaucoup moins peur de voir du monde et de faire des rencontres désormais.
Propos recueillis par Samuel Joubert